Défi zéro gaspi 2022 : réduire le gaspillage dans le plaisir

Défi zéro gaspi 2022 : réduire le gaspillage dans le plaisir
Florence-Léa Siry et Guillaume Cantin, les créateurs du défi zéro gaspi 2022

Inspirant, créatif et gourmand sont les mots d’ordre du Défi zéro gaspi 2022, que lancent l’experte de la cuisine sans gaspillage Florence-Léa Siry et Guillaume Cantin, cofondateur de l’organisme La Transformerie, voué à enrayer le gaspillage alimentaire. À go, on vide son frigo!

 

En collaboration avec Recyc-Québec, les co-porte-parole de ce défi qui se veut aussi salutaire que ludique souhaitent sensibiliser la population au gaspillage alimentaire à la maison – la réduction de ce dernier fait en effet partie des solutions phares dans la lutte contre les changements climatiques. 

« C’est une aberration de jeter autant de nourriture cultivée avec autant d’énergie, tant physique et humaine qu’électrique et compagnie – le transport et tout ça », nous dit au bout du fil Florence-Léa Siry, autrice du blogue Chic frigo sans fric, lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur l’importance de la réduction du gaspillage chez soi.

 

Plaisir, temps et économies 

Outre les bienfaits pour la planète, Florence-Léa explique que faire éviter le compost ou la poubelle à des aliments en se concentrant sur ce que recèlent réfrigérateur et garde-manger permet d’économiser temps et argent. « C’est non seulement la façon la plus créative, colorée et gourmande de cuisiner, mais ça me permet aussi de faire beaucoup avec peu, de ne pas avoir à travailler plus pour obtenir un résultat de qualité », indique celle qui revoit en ce moment sa consommation et son rapport au temps et à l’argent.

Au cœur du défi brille le plaisir.

« Démocratiser le plaisir [de cuisiner avec ce qu'on a] est vraiment important pour Guillaume et moi. On veut s’amuser à réduire notre gaspillage. Ça nous amène à mieux cuisiner et à prendre soin de la planète sans que ce soit un fardeau. Ça ne nous stresse pas, donc on ne tombe pas dans la performance », expose-t-elle. 

Autre alliée primordiale du plaisir : la simplicité – qui contribue à alléger la charge mentale, fait observer Florence-Léa. « Je ne travaille pas fort dans le stress pour aller m’acheter des trucs, puis finalement avoir moins de temps pour cuisiner. Ce que je fais, c’est de l’assemblage d’aliments. C’est simple et accessible. »

 

Qu’est-ce que le Défi?

Une fois qu’on s’inscrit en ligne, on reçoit chaque mois une infolettre contenant un défi en lien avec des thèmes locaux et saisonniers, des recettes pour cuisiner les aliments de saison ainsi que des articles sur le mode de vie antigaspillage. 

L’on peut également s’inscrire en tant que superparticipant ou superparticipante afin d’examiner plus en profondeur ses habitudes quotidiennes et suivre l’évolution de ses perceptions.

Ce mois-ci, les porte-parole proposent le défi du vide-frigo, qui consiste, comme son nom l’indique, à cuisiner des repas – simples, ne n’oublions pas – avec ces aliments négligés qu’on trouve dans le frigo, le congélateur ou le garde-manger, et qui s’accumulent. Cette démarche permet de se procurer par la suite l’essentiel à l’épicerie et de réévaluer son stock de nourriture, selon Florence-Léa.

Et les légumes à l’honneur ce mois-ci? Le rutabaga et le navet – le genre de légumes racines qui peuvent s’éterniser dans le frigo, comme le fait remarquer l’experte aux mille astuces pour réduire le gaspillage. 

On peut y arriver simplement en mettant en évidence, sur le comptoir ou à la hauteur des yeux dans le frigo, les aliments à manger en priorité, que l’on intègre aux plats que l’on aime déjà. Florence-Léa précise qu’il s’agit d’un petit geste très simple aux grandes répercussions.

 

Dégenrer la cause

Florence-Léa refuse de s’arroger l’apanage du « zéro gaspi » au Québec, cause qui concerne tout le monde, selon elle. En entrevue, elle braque les projecteurs sur le savoir-faire des organismes communautaires en prévention du gaspillage alimentaire, qui comptent dans leurs rangs des spécialistes comme Guillaume Cantin, directeur général de La Transformerie, qui donne une seconde vie aux invendus des épiceries et des fruiteries afin de contrer le gaspillage. 

Elle savait que leurs forces se compléteraient et affirme sans ambages qu’elle aimait qu’il soit un homme. « Je ne voulais pas que le projet soit féminin à 100 %, parce que la communauté qui me suit est majoritairement féminine. C’était important pour moi de dégenrer la cause », explique l’instigatrice. 

La lutte antigaspi n’est pas qu’une affaire de femmes, et Florence-Léa tenait à le montrer. « C’est dur des fois d’être militant sans être dans l’affront. Pour moi, en y allant de cette façon, c’était évident que l’on pouvait faire la démonstration que ça concernait hommes et femmes. »

 

Néophyte comme spécialiste

Le Défi s’adresse à tout le monde : tant aux gens qui souhaitent adopter de nouvelles habitudes écoresponsables en réduisant leur gaspillage qu’à ceux dont le mode de vie s’articule autour de la protection de l’environnement. 

Aux premiers, Florence-Léa suggère « de s’écouter, de ne pas essayer de faire ce que nous dicte la société, mais de partir d’eux », de recettes qu’ils maîtrisent déjà. « Tu n’as plus de patates pour ton pâté chinois? Mets des carottes, illustre-t-elle. Si tu n’as plus assez de viande hachée, c’est peut-être le moment de mettre la fameuse canne de lentilles que tu avais achetée par bonne conscience », dit-elle en rigolant. 

« Et ça va peut-être te surprendre. Tu vas peut-être te rendre compte que tu aimes encore plus ça, moitié-moitié. Et pourquoi ne pas ajouter une touche d’épices parmi celles qui te regardent depuis trois semaines, un mois, deux ans, cinq ans dans ton armoire, et qui va peut-être te faire dire : “Ben voyons donc, c’est moi qui ai fait ça? C’est donc bien bon!”? »

Pour les personnes plus aguerries, elle met l’accent sur l’importance du dialogue afin de rassembler. Le Défi zéro gaspi 2022 en constitue à juste titre un exemple éloquent. « 

L’an dernier, il y en a eu, de l’engouement pour le défi : plus de 1 million de vues, 117 000 interactions. Mais plutôt que de garder ça pour moi, j’ai voulu le partager avec Guillaume, parce que lui aussi a une mission noble et il est à la recherche de visibilité. Il a de quoi à dire, lui aussi. »

Dialoguer, « ouvrir le canal », c’est l’occasion à ses yeux d’échanger des idées, des bons coups. « C’est super important pour moi, parce que si tu es un initié, tu n’es pas entouré que d’initiés, rappelle-t-elle. En ouvrant le dialogue, on est plus en mesure de cerner les besoins de chacun. »

Grâce au Défi, on peut s’inspirer mutuellement – les participants et participantes interagissent énormément sur les réseaux sociaux – en misant sur le plaisir et la légèreté, pour que, progressivement, de meilleures habitudes de consommation s’enracinent. Et que l’on change durablement les choses. 

 

Inscrivez-vous au Défi zéro gaspi!