La farine d’insectes pour une alimentation plus écologique?

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Chaque samedi à Curium, Félix-Antoine Tremblay explore des thèmes scientifiques pour les décortiquer avec humour et simplicité. Cette semaine, il se questionne sur son alimentation en tentant de trouver des manières saines et écologiques de remplacer la viande dans ses repas. De curieux petits insectes pourraient bien faire partie de la solution!

Ce n’est pas un secret, la production de viande de bœuf n’est pas bonne pour l’environnement. De tous les animaux d’élevages, les bovins sont ceux qui émettent le plus de CO2 : ils en produisent 8 fois plus que le porc et 10 fois plus que le poulet. À l’échelle mondiale, le bœuf représente le tiers des émissions de CO2 liées à notre alimentation.

« La production de viande pollue deux fois plus que la production d’aliments à base de végétaux, donc produire une grosse boulette de bœuf pour un burger émet autant de gaz à effet de serre que de rouler en voiture pendant environ 1 h sur l'autoroute », précise l’animateur Félix-Antoine Tremblay dans Curium.

Comme une grande partie de la population n’est pas prête à cesser de manger du bœuf du jour au lendemain, des entreprises tentent de développer des options vertes qui pourraient remplacer graduellement cette facette polluante de notre alimentation.

L’entreprise montréalaise TriCycle a choisi une solution radicale pour répondre à ce besoin : la fabrication de produits alimentaires à partir de larves de ténébrions meuniers, de petits insectes dans la famille des coléoptères. 

« J’estime que c’est la protéine animale qui a la plus petite empreinte environnementale sur la planète », affirme Étienne Normandin, entomologiste et éleveur de ténébrions chez TriCycle.

Les trois formes du ténébrions au fil de sa vie.

Un ténébrion adulte, une nymphe et une larve du même insecte. Photo : iStock

Ce type d’élevage ne requiert pas un énorme espace et consomme relativement peu de ressources; les insectes sont tout simplement élevés dans de grands bacs, dans un espace commercial situé en ville.

En faisant de la farine avec les larves de ténébrions, il est possible d’imiter le bœuf dans son apport de protéines et de le remplacer dans de nombreuses recettes, pour faire des boulettes de burgers ou de la sauce à spaghetti, par exemple. 

Selon l’entreprise, une quantité de 100 grammes de ces insectes comporte 50 à 58 % de protéines, une seule « galette » de farine de ténébrions dans un burger pourrait donc fournir une bonne partie des protéines nécessaires pour la journée.

Encore faut-il toutefois passer par-dessus la barrière psychologique de manger des insectes, une catégorie d’aliments qui n’est, pour l’instant, pas très populaire en Occident! 

« Ça fait partie de la culture de plus d’un milliard d’humains sur la planète, en Asie et en Afrique principalement, mais ce n’est pas encore ici. Par contre, on mange des crevettes, et nos insectes sont un peu comme les crevettes de la terre, les deux font partie du grand groupe des arthropodes », explique Étienne Normandin.

Les crevettes et les crustacés en général sont d’ailleurs si proches des insectes qu’ils contiennent dans certains cas les mêmes protéines allergènes! Si vous ne pouvez pas manger ces produits de la mer, il est donc recommandé d’éviter la nourriture qui contient des arthropodes terrestres.

En tant que tel, le goût des larves de ténébrions séchées est assez subtil, selon Félix-Antoine Tremblay qui a pu tester la chose. Il serait comparable à celui du riz soufflé, ou à un quelconque produit céréalier.

Pour l’instant, TriCycle utilise surtout son élevage dans la fabrication de produits secs, comme des craquelins, de la poudre protéinée et de la nourriture pour animaux.


Pour voir le reportage complet et en savoir plus sur les transports du futur, ne manquez pas Curium, samedi à 18 h (en rediffusion le dimanche matin à 7 h) sur ICI Explora! Découvrez aussi les nombreux contenus exclusifs de la série sur la zone Jeunesse de Radio-Canada.