Savourez bien Curiosity, ça pourrait être la dernière sonde martienne de son espèce avant longtemps. Du moins, s’il n’en tient qu’aux Américains.
Les budgets déclinants de la NASA et les premiers pas d’une exploitation commerciale de l’espace ne permettront pas de sitôt une mission de 2,5 milliards $.
D’un autre côté, ces robots qui ont roulé sur la planète rouge et gratté sa surface ont permis de davantage déblayer le terrain qu’on ne l’imagine : les géologues, les chimistes et — en rêvant un peu — les biologistes savent désormais mieux quoi cibler, de sorte que les futures missions martiennes pourront ratisser moins large et par conséquent, coûter moins cher. Du coup, devenir accessibles à d’autres que le géant américain.
Et ce n’est pas tout à fait fini, puisque ces connaissances acquises depuis les années 1970 ont encore deux années pour s’élargir.
Après les États-Unis, à qui le tour?
Dans le futur, différents pays auront des objectifs scientifiques (et politiques) différents, raconte le New Scientist : le projet ExoMars de l’Agence spatiale européenne, pensé spécialement pour la recherche de vie, consiste en un engin en orbite (en 2016) et un robot sur roues (en 2018). Ce devait être à l’origine un partenariat avec la NASA, mais l’ESA fait essentiellement cavalier seul, avec une contribution russe.
Plus modestement, l’Inde prévoit toujours, aux dernières nouvelles, lancer une sonde vers l’orbite martienne en novembre 2013. Peu importent ses objectifs propres, elle contribuera aux communications entre la Terre et les engins des autres pays qui rouleront alors sur Mars, incluant Curiosity. Plus modestement aussi, les États-Unis ne seront pas complètement sortis du décor : une sonde orbitale, MAVEN, doit également partir en 2013, pour étudier l’atmosphère ténue. Un véhicule, plus petit et moins coûteux, InSight, est sur les planches à dessin.
Et la Chine n’acceptera sans doute pas d’être laissée sur la touche. Elle a perdu une grosse chance de montrer son talent, en novembre dernier, lorsque la sonde russe Phobos-Grunt, qui transportait un microsatellite chinois destiné à l’orbite martienne, a cessé d’émettre peu après son décollage, puis est retombée dans l’océan.
Mais le joueur capable de prendre tout le monde par surprise pourrait être l’entreprise privée. Pour l’instant, il n’existe pas de bénéfices commerciaux à tirer d’une mission vers Mars, mais il n’est pas dit qu’on n’en trouvera pas d’ici 15 ans, moment où, à en croire le fondateur de la compagnie californienne SpaceX, celle-ci pourrait envoyer une mission vers Mars (SpaceX est celle qui a réussi en mai le premier arrimage « privé » avec la station spatiale). Par exemple, s’il venait à l’idée d’un pays d’envoyer des humains là-bas dans les années 2030 ou 2040, un entrepreneur audacieux pourrait y voir une opportunité d’affaires...
Pour en savoir plus :
• Premières photos reçues de l’arrivée de Curiosity sur Mars. Les autres s'afficheront au fur et à mesure ici.
• Détails sur « l'amarsissage » réussi, par Nature News
Les humains envoient leur curiosité sur Mars, par Bad Astronomy (6 août, 3 h 23)