Confusion sur le delirium

Confusion sur le delirium

Pister le delirium reste une opération difficile à réaliser pour le personnel de soin et les infirmières. Ses signes chez la personne âgée varient tant, entre agitation et apathie, qu’ils peuvent passer le mal sous silence.

En réalité, il faut plutôt parler des delirium. Il y a le delirium hyperactif où la personne livre des propos incohérents, s’agite et dérange et le delirium hypoactif où le patient reste silencieux, apathique et semble au ralenti. Il s’apparente parfois aux troubles de l’humeur, de la dépression à la démence.

Autrefois pris pour les suites d’une longue consommation d’alcool (delirium tremens) ou aux effets secondaires des médicaments, cet état comportemental anormal met souvent une semaine à être diagnostiqué. « Chaque journée compte pourtant, car le delirium est lié à une forte morbidité chez ceux qui en souffrent », soutient Philippe Voyer, professeur au département des sciences infirmières de l’Université Laval.

Philippe Voyer et son équipe ont conçu un outil, le Repérage Actif du Delirium Adapté à la Routine (R.A.D.A.R), capable de dépister le delirium en 7 secondes. Réalisé en collaboration avec des infirmières et basé sur l’observation, cet outil ramène à trois questions l’évaluation du patient par l’infirmière : est-il somnolent? A-t-il de la difficulté à suivre les consignes? Ses mouvements sont-ils au ralenti?

Ces trois petites questions ciblent les comportements à observer lors de leurs interactions quotidiennes avec les patients, par exemple pendant l’administration de médicaments. Le R.A.D.A.R. allège leur tâche et présente une bonne validité. « Nous sommes passés de 45 questions à 3. Et une seule réponse affirmative permet un diagnostic fiable à 73 % », précise le chercheur qui offre une formation à l'utilisation en ligne de cet outil, déjà implanté au CHUM et dans des centres de soins de Laval et de Lanaudière. Des hôpitaux de Belgique, Suisse et des États-Unis ont même démontré de l’intérêt pour le R.A.D.A.R.

Traiter une infection pulmonaire ou urinaire, redonner ses lunettes au malade, modifier son alimentation ou encore veiller à ce que la personne soit bien hydratée, voilà de petits gestes adaptés qui suffisent souvent à traiter le delirium et éliminer la souffrance de l’aîné.

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