Adoption d’un chien : ce qu'il faut savoir sur la santé génétique

Un Border Collie dans les feuilles mortes.
Photo : iStock

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Vous pensez avoir trouvé le chien parfait pour votre mode de vie, une boule de poils mignonne comme tout que vous imaginez déjà à la maison, mais avez-vous pris la peine de vous renseigner sur sa santé génétique? Cet aspect, souvent oublié lors de l’adoption d’un animal, est pourtant nécessaire pour faire un choix éclairé. Bien vous informer pourrait vous éviter énormément de stress et d’importants frais de vétérinaire.

Selon le Dr Sébastien Kfoury, les problèmes de santé liés à la génétique sont parmi les causes les plus importantes des visites impromptues des chiens à ses cliniques. Malgré cela, cet aspect et la santé en général ne sont pas assez pris en compte lors de l’adoption d’un compagnon canin.

« C’est vraiment un manque flagrant dans les variables décisionnelles de la majeure partie des gens qui choisissent des animaux de compagnie, pas juste des chiens! Souvent, c’est l’apparence physique [qui importe] en premier, un peu les modes, et ensuite les autres considérations », explique l’animateur de la série Dr Sébastien, vétérinaire.

Le vétérinaire Sébastien Kfoury.

Le vétérinaire Sébastien Kfoury. | Photo : Dr Sébastien, vétérinaire

Il suggère aux personnes qui envisagent d’adopter un chien de plutôt penser au tempérament voulu chez l’animal et aux activités qu’elles veulent faire, ainsi que de prendre le temps de bien se renseigner sur la santé du chien, en considérant l’apparence physique de la race seulement en dernier lieu.

Les animaux qui sont plus enclins à développer des maladies génétiques peuvent avoir une qualité de vie grandement amoindrie, qui nécessite des soins très coûteux.

Pour faire un choix éclairé, il est recommandé de se renseigner auprès des clubs reconnus qui représentent les races pour lesquelles on éprouve de l’intérêt, ou de manière plus générale, sur le site du Club canin canadien.

Le vétérinaire Sébastien Kfoury suggère aussi particulièrement le site de l’Orthopedic Foundation for Animals (OFA), qui permet de connaître les problèmes génétiques les plus courants pour chaque race.

« Cela permet de voir quels sont les tests génétiques que l’éleveur devrait avoir fait subir aux parents des chiens que l’on veut adopter, pour s’assurer qu’ils ne transmettent pas de maladies génétiques qui vont affecter la vie de l’animal », précise-t-il.

Si vous faites affaire avec un éleveur éthique, on devrait avoir testé les deux parents du chien pour dépister les maladies typiques de la race décrites sur le site de l’OFA, certificat à l’appui. Si l’éleveur en question n’a pas ces papiers, que les tests sont incomplets, de mauvaise qualité ou que les résultats ne sont pas montrés, il est déconseillé de faire affaire avec celui-ci, surtout si l’on vous offre un « rabais » compensatoire.

« Les gens se disent qu’ils ont épargné, disons 1000 $, mais souvent [le chien développera] des conditions qui peuvent coûter beaucoup plus que 1000 $ en soins, en frais vétérinaires, en médication et en chirurgie », résume Sébastien Kfoury.

 

Des races à éviter?

Du point de vue de la santé, tous les chiens ne sont pas égaux. Certaines races, parfois non reconnues par les organismes officiels, sont systématiquement condamnées à vivre avec de sérieux problèmes génétiques ou à les développer en vieillissant.

Tous les chiens à visage écrasé, qu’on appelle les brachycéphales, ont des problèmes respiratoires, des problèmes de dentition, des problèmes nasaux, de palais mous allongés… Ils ont beaucoup, beaucoup de problèmes, et l'on en voit énormément. - Sébastien Kfoury

Les variantes miniaturisées de certaines races, qui ont été conçues en sélectionnant génétiquement des chiens plus petits sur plusieurs générations, sont aussi enclines à de nombreux problèmes de santé. 

« Souvent, ces anomalies amènent aussi des déformations des articulations, du crâne et de la colonne vertébrale. Ce sont des races à éviter et, dans certains pays, il y a même des législations pour empêcher certaines races qui sont reconnues comme étant trop endommagées génétiquement ou trop loin de l’apparence d’un vrai chien pour être heureuses. On considère quasiment que de reproduire ces races-là, c’est de la cruauté animale », explique le vétérinaire.

Un chien carlin.

Le carlin est une race de chien vulnérable à plusieurs problèmes de santé génétiques. | Photo : iStock

Les maladies génétiques sont parfois traitables, mais à très grands frais ou de manière non curative, c’est-à-dire que l’animal retrouve une certaine qualité de vie, mais qu’il doit tout de même endurer certains effets de sa condition au quotidien.

Encore une fois, en cas de doute, le site de l’OFA peut donner l’heure juste sur la santé génétique des diverses races de chien.

« Si l'on voit une race qui a 10 maladies génétiques, peut-être qu’on est mieux d’aller vers une autre! »

 

La question des assurances

Même un chien avec une très bonne ascendance génétique n’est pas à l’abri de développer des problèmes de santé en vieillissant. Que ceux-ci soient liés à son environnement ou à des facteurs génétiques incontrôlables, il faut s’y préparer financièrement.

Un bon moyen de le faire est de regarder les coûts généralement associés aux maladies génétiques typiques de la race de chien à laquelle on s’intéresse (chirurgies, traitements, médicaments), en considérant sa capacité financière.

Bien souvent, les vétérinaires conseillent d’assurer son chiot et de le faire dès que possible, avant l’apparition des maladies.

Au Canada, c’est pourtant moins de 3 % des propriétaires de chiens ou de chats qui assurent leurs animaux, alors qu’il s’agit de quelque chose de beaucoup plus commun dans d’autres pays, notamment en Suède, où 90 % des chiens et 50 % des chats sont assurés.

Un jeune chiot.

Il peut être plus avantageux d'assurer un chien dès son jeune âge, avant l'apparition de maladies. Photo : iStock

Au Québec, de nombreuses personnes choisissent plutôt de mettre de l’argent de côté, en prévision des besoins de l’animal, une stratégie financière considérée comme risquée par le Dr Sébastien Kfoury :

« Ça veut dire qu’il faudrait que, pendant toute la vie de l’animal, on mette suffisamment d’argent de côté et que la maladie arrive seulement quand le chien va être vieux. Je ne pense pas que les gens vont mettre 1000 $ de côté par mois ou même par année. Pourtant, on fait tous les jours des chirurgies à 5000 ou 6000 $. Si j’arrive demain matin et que je te dis que tu dois payer 8000 $ pour la chirurgie de ton chiot de 6 mois qui a mangé un épi de maïs, tu n’as probablement pas eu le temps de le mettre de côté, cet argent-là. »

Le vétérinaire ajoute qu'un animal de compagnie sur quatre aura besoin de soins majeurs d’urgence dans sa vie. Selon lui, les assurances sont non seulement nécessaires, mais devraient être obligatoires, comme le sont les assurances automobile, exigées par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

C’est ce qui va faire en sorte que les gens vont prendre de bonnes décisions quand l’animal est malade; ils vont pouvoir bien s’en occuper et il y aura moins ou pas d’euthanasies basées sur le fait que [les soins] coûtent trop cher, ce sera plutôt basé sur la souffrance ou des conditions de vieillesse ou médicales non réglables. J’espère qu’on va arriver à ça avant ma retraite!  Sébastien Kfoury

Le Dr Sébastien Kfoury est de retour pour une troisième saison de la série Dr Sébastien, vétérinaire, dans laquelle il donne accès à l’arrière-scène de ses cliniques ainsi qu’au quotidien des soignants et soignantes qui se dévouent à prendre soin des animaux. L’émission est diffusée les mardis à 19 h sur ICI Explora.