Des chemins de fer périlleux

La voie ferrée sur le pont de Pamban est souvent inondée lors de marées hautes.
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Le train a été le premier moyen de transport terrestre d’envergure permettant l’acheminement de marchandises et le déplacement de nombreuses personnes sur de longues distances. C’est donc en grande partie grâce à lui que l’industrialisation a pu s’amorcer au 19e siècle en Occident.

Sauf que, pour permettre aux locomotives et à leurs wagons de se rendre à destination, les responsables ayant pour tâche de superviser la construction de chemins de fer dans certains environnements hostiles ont souvent eu à faire preuve de beaucoup de créativité et d’audace.

Voici quelques chemins ferroviaires périlleux.


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Le chemin de fer de Georgetown Loop

Le chemin de fer de Georgetown Loop était une merveille de l'ingénierie lors de son inauguration en 1884.
Crédits photo : iStock/marlenka


Cette construction, qui a été achevée en 1884, a été l’une des premières attractions touristiques d’importance au Colorado. L’ingénierie utilisée dans sa conception était quasi révolutionnaire pour l’époque.

Le chemin de fer, d’une largeur de 91,4 cm, était disposé sur un trajet sinueux de 7,2 km séparant les villages de Georgetown et de Silver Plume à travers un paysage à couper le souffle, dont les fameuses montagnes Rocheuses, emblème de l’État. Le train devait aussi grimper près de 200 mètres d’élévation et traverser un pont d’une hauteur de 30 mètres dans son parcours.

Au fil des ans, plusieurs compagnies ont exploité cette ligne, qui est toujours en service à ce jour, après avoir été reconstruite en 2004.

Vous avez le vertige? Traînez-vous un petit sac de papier brun, juste au cas.

Le chemin de fer panoramique de Kuranda

Le chemin de fer panoramique de Kuranda, en Australie, est situé à proximité de chutes impressionnantes.
Crédits photo : iStock/DoraDalton


Dans le nord-est de l’Australie se trouve une voie ferrée offrant des points de vue saisissants aux passagers et passagères du train qui la sillonne : le chemin de fer panoramique de Kuranda.

Ce chemin ferroviaire à vocation touristique, dont la construction a été terminée en 1981, permet notamment d’observer de nombreuses chutes, dont celles de Barron, à grande proximité. En tout, le train prend 1 heure et 55 minutes pour faire un aller simple entre la ville côtière de Cairns et Kuranda, sur une distance de 37 kilomètres.

Quelques incidents ont perturbé le service sur cette ligne depuis ses débuts, entre autres en 1995, après qu’une importante chute de roches eut endommagé la voie ferrée, ainsi qu’en 2010, alors qu’un glissement de terrain a fait dérailler le train, ce qui a blessé 5 des 250 passagers.

Disons que c’est un peu plus risqué que le monorail de La Ronde.

Le chemin de fer du Myanmar
 

Plus de 100 000 personnes ont perdu la vie lors de la construction du chemin de fer de la mort, en pleine Seconde Guerre mondiale.
Crédits photo : iStock/Appfind


Si nous nous fions à son surnom de « chemin de fer de la mort », cette voie ferrée de la Thaïlande a bel et bien mérité sa place dans notre palmarès.

Inauguré en pleine Seconde Guerre mondiale, ce chemin ferroviaire a été construit par le Japon afin de faciliter le transport des troupes de soldats et d’armes de Ban Pong, en Thaïlande, jusqu’à Thanbiyuzayat, au Myanmar. La route, qui s’étend sur une distance de 415 kilomètres, a été bâtie par des prisonniers du camp des alliés. Selon les estimations, un peu plus de 100 000 d’entre eux seraient morts sur le chantier.

Après la guerre, des sections de la voie ferrée ont été abandonnées; le train la parcourant ne fait plus que 130 kilomètres, de Kanchanaburi à Nam Tok Sai Yok Noi.

Il n’y a pas de doute, ce chemin de fer détient le bon surnom.

La route de Chennai-Rameswaram
 

Le pont de Pamban permet à un train de se rendre sur une petite île de l'Inde.
Crédits photo : iStock/ajijchan


En Inde se trouve un chemin ferroviaire qui a de quoi terrifier quiconque n’aimant pas la baignade : la route de Chennai-Rameswaram.

Cette ligne est particulièrement épeurante parce qu’une section, construite sur le pont de Pamban, traverse la mer des Laquedives, à proximité du golfe du Bengale, sur une distance de 2,3 kilomètres. La construction de ce pont, en 1914, a nécessité la mise en place de 145 piliers de béton. Lors de son passage sur la structure, le train ne peut avancer à une vitesse de plus de 15 km/h en raison des forts vents. Il arrive aussi fréquemment que les rails soient inondés lors de marées hautes.

Nous n’oserions pas nous y aventurer sans veste de sauvetage.

Le train pour les nuages
 

Le train pour les nuages est un chemin de fer bien connu en Argentine.
Crédits photo : iStock/cicloco


Le chemin de fer Tren a las nubes ou « train pour les nuages », en français, porte très bien son nom puisqu’il est le cinquième au monde en altitude, atteignant plus de 4200 mètres à son point le plus haut.

Reliant le nord-ouest de l’Argentine à la frontière du Chili située dans les Andes, cette ligne, mise en service en 1948, servait d’abord de moyen de transport pour la population et les gens travaillant dans la région. Depuis 1972, elle est surtout utilisée par les touristes qui profitent de la route panoramique de 217 kilomètres traversant 29 ponts, 21 tunnels et 13 viaducs.

En 2005, un train s’est arrêté à une altitude de 3500 mètres après avoir subi une panne, et ses passagères et passagers ont dû être évacués par hélicoptère.

Les gens voulaient des sensations fortes? Nous pouvons affirmer qu’ils ont été servis.


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