Athlètes : jusqu'où pourraient-ils aller?

Athlètes : jusqu'où pourraient-ils aller?

S’il n’y avait pas de limites imposées aux drogues, jusqu’à quelles limites pourrait-on pousser le corps humain? Question épineuse, à l'heure des Olympiques...

Ce n’est pas d’hier : dans un article qu’il consacre à cette question, Nature rappelle que Galen, un médecin grec de l’Antiquité, vantait les mérites sur la performance des athlètes de l'ingestion de certaines herbes, champignons et... testicules.

Mais même avec les meilleures drogues du monde, jusqu’où pourrait-on aller? Les hormones humaines de croissance dont on parle beaucoup, par exemple. Ceux qui en ont pris ont vu leur capacité à la course s’accroître de 4 %. Ça peut faire la différence entre une première et une deuxième place sur un 100 mètres, mais ça n’en demeure pas moins un ou deux maigres centièmes de seconde de plus.

Dans les sports d’endurance, c’est autre chose : la force devient moins importante et les experts ont appris combien des injections d’EPO accroissaient l’endurance du sportif. De 34 %, selon une étude remontant déjà à 1980. Ce qui peut se traduire, sur un tapis roulant, par 44 secondes d’avance sur 8 kilomètres.

Et peut-être la découverte la plus sous-estimée est-elle celle de Max Gassmann et de ses collègues de l’Université de Zurich : l’EPO aurait un effet sur le cerveau, en accroissant la motivation de la personne à courir.

Suppléments nutritifs : bof

Il y a au moins un secteur où l’augmentation de la performance est mesurée de façon tout à fait légale : les suppléments nutritifs. C’est bien simple, ils sont à 98 %... inutiles, déclare dans Nature Conrad Earnest, physiologiste de l’exercice à l’Université britannique de Bath. Une rare exception, la créatine qui contribue, chez certains athlètes, à la synthèse de l’ATP, molécule productrice d’énergie pendant un exercice physique intense. Conrad Earnest évalue l’amélioration de la performance à 8 %.

Mais à toute amélioration, il y a effets secondaires. Les stéroïdes augmentent dangereusement la pression sanguine — risque de problèmes cardiaques — et ont un impact sur les organes sexuels des hommes et des femmes. Y aurait-il moyen d’arriver à un équilibre en dosant le « médicament » pour chaque personne? Certes, mais pour le savoir, il faudrait faire des études cliniques, ce qui, comme il ne s’agit pas d’une maladie à combattre, irait un tantinet contre l’éthique.

Dopage génétique

On parle depuis plus de 10 ans de la possibilité d'un jour manipuler génétiquement des athlètes. Si la chose appartient encore à la science-fiction, il est néanmoins possible de spéculer, d’autant qu’on commence à avoir sous la main des exemples de mutations naturelles et des exemples de gènes modifiés chez des souris, comme celle dont la force musculaire aurait été accrue de 14 %.

Mais de la souris à l’humain, la marche est souvent haute, l'humain étant beaucoup plus influencé par son alimentation et bien d’autres facteurs dont nous ignorons encore tout. En fait, prévient Nature, s’il devait s’avérer un jour que les athlètes que l’on cible pour une « amélioration » étaient déjà des individus « améliorés » par leurs gènes ou par leur entraînement, l’avantage se révélerait bien moins important que prévu.

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