Le duvet et les matières synthétiques ne sont pas les seules options pouvant nous tenir au chaud l’hiver : l’asclépiade, outre ses vertus écologiques, possède également d’importantes propriétés isolantes.
« Un champ d’asclépiades, l’été, ça bourdonne d’abeilles, de taons, de toutes sortes d’insectes pollinisateurs », illustre au bout du fil Gabriel Gouveia, cofondateur de Lasclay avec Phil Langlois. Cette plante nectarifère reconnue pour attirer le monarque, une espèce en péril au Canada, est au cœur de la mission de l’entreprise québécoise. Après une première paire de mitaines d’hiver l’an dernier, elle a sorti cet automne un foulard entièrement isolé, tout comme ces dernières, à l’asclépiade.
Outre ses bénéfices sur l’écosystème, cette espèce indigène possède également des propriétés écologiques qui se prêtent à la confection locale de vêtements à petite échelle, ce qui permet d’offrir des prix abordables; les fibres produites dans son fruit sont en effet légères, hydrophobes, hypoallergènes et isolantes, comme le précise Gabriel.
Culture facile…
L’asclépiade commune, plus importante représentante des asclépiades au Québec, pousse facilement – même sur les bords de route et dans les terrains vagues – et dans nombre de régions : au Lac-Saint-Jean, dans Charlevoix, dans le Bas-Saint-Laurent, en Chaudière-Appalaches (où s’approvisionne Lasclay), en Estrie, en Mauricie, en Outaouais…
Au point que cette vivace, parfaitement adaptée à notre climat, « compétitionne un peu trop bien avec des cultures comme le maïs ou le soja », souligne Gabriel. « Elle a donc été éliminée systématiquement par des agriculteurs et des villes à coups de pesticides ces dernières années. Des champs d’asclépiades ont alors été recréés dans les milieux ruraux, ce qui est un gain pour les pollinisateurs. »
L'asclépiade peut remplacer le duvet et les matières synthétiques. Photo : Lasclay
« La culture de l’asclépiade n’est pas encore entièrement biologique, précise le passionné de la flore boréale, mais lorsqu’on compare ses effets environnementaux à ceux d’autres grandes cultures comme le coton, c’est énormément réduit. » C’est sans compter que cette favorite des jardins à papillons résiste très bien à la sécheresse, comparativement au maïs, au coton, au canola ou au soja.
… cueillette complexe
Bien que la culture de l’asclépiade soit bien adaptée au territoire québécois, sa cueillette, elle, comporte son lot de défis techniques, un frein pour l’instant à une exploitation plus substantielle.
En effet, non seulement la période optimale de récolte est-elle courte – environ deux semaines –, mais en plus, elle se fait à la main ou de façon semi-mécanisée. Les entreprises qui se sont frottées à la cueillette à grande échelle à l’aide de récolteuses ces dernières années « se sont écroulées », indique Gabriel. « Toute cette logistique est assez complexe et coûteuse. »
Son souhait reste néanmoins de démocratiser l’usage de l’asclépiade dans les vêtements. Et pour y parvenir, « il faut, à terme, qu’une récolte et qu’un séchage [la plante posant un souci d’humidité] à plus grand volume se fasse », explique l’entrepreneur.
Des débouchés
D’autres industries tirent-elles parti des vertus de l’asclépiade ? Gabriel relève à l’heure actuelle deux autres débouchés possibles : l’utilisation de cette plante dans les absorbants pétroliers et en pharmaceutique, où l’huile des graines peut entrer dans la composition des crèmes hydratantes, de la crème solaire ou de baume naturels.
Il discerne en outre un potentiel inexploité : la fabrication de matériel médical plus écologique. « Ses fibres ont la propriété d’être hypoallergènes et imputrescibles, et sont peu facilement colonisées par les bactéries et les microbes.
Utiliser l’asclépiade pourrait améliorer le profil environnemental des membranes textiles antimicrobiennes de matériel médical comme les masques et les blouses », conclut le lauréat d’un prix au Sommet mondial du design de Montréal en 2017 pour Renouer, un emballage écoresponsable constitué notamment… d’asclépiade.