À l’occasion de la Saint-Valentin, ICI Explora diffusera Passions animales, une série documentaire s’intéressant à la séduction chez les animaux d’une même espèce. Mais si l’amour peut régner entre pingouins, peut-elle exister entre chiens et chats, ou même entre ours et oiseaux? Bien que des images de relations interespèces déferlent sur le web, des scientifiques doutent que ces dernières s’avèrent sans contredit naturelles.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un cheval lèche le pelage d’un chien. D’un point de vue humain, ces deux animaux semblent effectivement partager de l’affection. Pour Catherine Brandner, professeure en psychologie animalière à l’Université de Lausanne, en Suisse, cette connexion relèverait plutôt de leur domestication.
Dans un entretien avec l’hebdo français Courrier international, l’enseignante explique que les relations inattendues entre espèces différentes surviennent principalement lorsque les bêtes ont été mises en captivité. « N’importe quel animal est conditionnable dès qu’on le retire de son environnement naturel », souligne-t-elle.
En quittant leur habitat de naissance, ces êtres perdraient certains ou même plusieurs de leurs comportements héréditaires. C’est pourquoi il n’est pas rare que les clips adorables aient été tournés dans les zoos ou les fermes.
D’ailleurs, plus les rencontres interespèces se forment en bas âges, plus elles auraient tendance à fonctionner, voire à perdurer, comme le mentionne l’écoéthologue Pierre Jouventin. Dans une entrevue accordée au magazine français de vulgarisation scientifique Sciences et avenir, il précise qu’un animal social, tel qu’un singe ou un chien, s’identifie au groupe dans lequel il grandit.
« Ce phénomène a été mis en évidence par l’éthologue Konrad Lorenz avec des œufs d’oies : après l’éclosion, les petits lui ont emboîté le pas comme s’il était leur parent, car les oisons sont programmés pour suivre la première chose qui leur passe sous les yeux à la naissance [...] », note-t-il.
En ce sens, un chaton qui naît et grandit auprès d’un chien a de bonnes chances de développer avec lui une complicité, parce qu’il se serait identifié à lui.
Prédateur avant tout
Selon la chercheuse Catherine Brandner, ces relations inattendues n’existent que très rarement dans les milieux sauvages. Au sein de ces environnements, l’instinct de prédation s’avérerait plus fort que tout. « Quand il y a assez de nourriture, il n’y a jamais de souci. Du moment où la nourriture vient à manquer, les notions de proie et de prédateur reprennent le dessus », dit-elle.
Ainsi, un grizzli gavé de poissons par un employé dans un zoo pourrait « s’amuser » avec d’autres petits vertébrés, car son besoin de s’alimenter serait comblé. Cette situation semble d’ailleurs s’être produite au Zoo de Budapest à l’été 2014.
Des raisons scientifiques se cacheraient derrière cette vidéo virale, présentée à maintes reprises comme un mystère, un exploit ou même un exemple à suivre pour l’humanité.
L’instinct maternel
Si la majorité des images capturées montrent des animaux en captivité, il existe néanmoins des exceptions. Par exemple, une scène fascinante partagée sur les réseaux sociaux montre un léopard « prendre soin » d’un bébé singe.
Pour le Dr Roland Maurer, professeur de l’Université de Genève spécialisé dans l’écoéthologie, il est certain qu’une logique scientifique justifie le comportement insoupçonné du léopard.
« Il [léopard] était sans doute une femelle qui venait d’avoir ses petits : ses mécanismes parentaux étaient encore très actifs, son système nerveux était prompt à réagir aux stimulus déclenchés par un bébé », a-t-il mentionné au Courrier international. Un instinct maternel vif représenterait donc aussi ces liaisons aussi impressionnantes qu’attendrissantes.
En espérant ne pas avoir éteint vos rêves et illusions, l’équipe d’ICI Explora vous invite à regarder Passions animalesles jeudis 14 et 21 février. D’ici là, ne perdez pas tout espoir en la beauté de la nature, ce ne sont que des explications scientifiques.