Des solutions de rechange d’ici et d’ailleurs au plastique à usage unique

L'emballage biodégradable et comestible pour jus de fruits GoneShells, du studio de design Tomorrow Machine.
L'emballage biodégradable et comestible pour jus de fruits GoneShells, du studio de design Tomorrow Machine

Si les alternatives pour remplacer les articles en plastique et en polystyrène à usage unique ne datent pas d’hier, les récentes réglementations visant à en bannir certains risquent fort de faire émerger de nouvelles initiatives.

 

En décembre dernier, le gouvernement fédéral a interdit la fabrication, l’importation et la vente au Canada de six produits de plastique à usage unique, soit les sacs d’emplettes, les ustensiles, les récipients alimentaires à emporter difficilement recyclables, les anneaux pour emballages de boissons, les bâtonnets à mélanger et les pailles, ce qui permettrait d’éliminer 1,3 million de tonnes de produits de plastique difficiles à recycler des sites d’enfouissement. 

Le 28 mars 2023, Montréal a emboîté le pas à Ottawa en interdisant à son tour dans les commerces alimentaires et les restaurants la distribution de plusieurs articles en plastique et en polystyrène destinés à être utilisés pour une courte période avant d’être jetés ou recyclés comme les tasses, les verres, les bâtonnets à mélanger, les pailles, les ustensiles, les assiettes, les couvercles ainsi que la plupart des contenants, à l’exception des barquettes pour la viande et le poisson crus. 

Si certains commerçants et restaurateurs ont déjà opté pour des articles recyclables et compostables, d’autres ont choisi d’adopter les contenants réutilisables et consignés de la coopérative Retournzy et de l’organisme à but non lucratif La tasse, ou ceux imaginés par les jeunes pousses Bo et Cano, traçables grâce à un code QR.

 

Des emballages et des ustensiles comestibles

Si, selon l'adage, le déchet qui pollue le moins est celui qu’on ne produit pas, c’est aussi vrai pour les emballages et les ustensiles qui se mangent. Voici un tour du monde des options pour remplacer le plastique qui, en plus de préserver nos océans, sont bonnes pour notre santé.

La Québécoise Diane Leclair Bisson travaille depuis plusieurs années à créer des emballages beaux, bons et nutritifs. Elle a notamment imaginé des bulles de dégustation, une sphère gélifiée comestible pouvant contenir une gorgée de liquide, mais aussi des mini-assiettes mangeables à base de tomates, des initiatives qui n’ont pas été commercialisées, faute de financement.

Des assiettes comestibles.
Les assiettes comestibles de Diane Leclair Bisson

L'entreprise américaine Loliware, qui a élaboré une paille fabriquée à partir d’algue pouvant être utilisée 24 heures avant d’être mangée et biodégradable en quelques mois, pourra quant à elle développer de nouveaux produits et de nouvelles résines d’algues grâce à un financement de six millions de dollars américains qu’elle a récolté récemment. 

La jeune entreprise Notpla, basée à Londres, est aussi parvenue à s’imposer avec Ooho, une bulle comestible créée à partir d'extraits d'algues, un matériau qui ne nécessite aucune intervention humaine pour pousser. En 2019, les capsules, contenant cette fois-ci des boissons énergétiques, ont notamment été distribuées aux participants et participantes du marathon de Londres. L’innovation a remporté le prix Earthshot dans la catégorie « construire un monde sans déchets » en 2022. 

En Suède, le studio de design Tomorrow Machine élabore des emballages alimentaires qui se décomposent lors de la consommation du produit qu’ils renferment. « La plupart des solutions d'emballage d'aujourd'hui sont conçues pour durer des années ou des décennies. Pendant ce temps, la nourriture à l'intérieur se gâte après des jours ou des semaines », peut-on lire sur le site web dédié à la gamme d'emballage biodégradable et comestible pour jus de fruits GoneShells, fabriqué à partir d’amidon de pommes de terre. Le contenant peut ainsi être épluché comme un fruit, puis mangé. 

La jeune pousse indonésienne Evoware commercialise plusieurs objets à base d’algues, dont un gobelet à usage unique comestible et compostable à saveur d’orange, de litchi ou de thé vert.


Les gobelets à usage unique comestibles d'Evoware

 

Si ce genre d’emballages ingénieux et innovants changera certainement notre consommation alimentaire, déguster un plat de façon plus traditionnelle, tout en minimisant notre empreinte écologique, est également chose possible. 

Fondée en 2010, la compagnie indienne Bakeys a développé des cuillères, des fourchettes et des baguettes faites de blé, de maïs et de miel qui ne ramollissent pas au contact de liquides et qui peuvent être dégustées ou alors utilisées pendant plusieurs jours avant qu’elles ne se décomposent. Si Bakeys a récemment fait faillite à la suite d’une saga judiciaire, elle a inspiré plusieurs entreprises qui proposent aujourd’hui des ustensiles se déclinant en différentes saveurs.