Les Affûtés récompensés

Les affutés

La mission sociale et environnementale des Affûtés a été récompensée. Lauréats d’un prix Novae en mai dernier, les ateliers montréalais de fabrication figurent parmi les 20 initiatives aux répercussions positives les plus marquantes de 2022, selon Novae, le média d’économie engagée et positive. 

 

Les Affûtés, ce sont deux lieux – l’un dans La Petite-Italie, l’autre dans le Village, à Montréal – qui proposent une foule d’ateliers (menuiserie, couture, vélo, rénovation, zéro déchet, vannerie, plein air, cosmétiques, etc.) afin d’apprendre aux gens à fabriquer ou à réparer une multitude d’objets du quotidien. On peut également y mener à bien des projets sur mesure, avec, au besoin, l'aide des affûtrices et affûteurs chevronnés sur place. Le tout dans le but de rendre la population plus autonome et, fondamentalement, de contrer l’obsolescence programmée.

« L’obsolescence programmée est un sujet qui me taraude, me paraît important », nous dit au bout du fil le fondateur des Affûtés, Michael Schwartz, 36 ans. La récompense a fait très plaisir à l’équipe, « même si on ne mène pas les actions sociales et environnementales pour des prix », précise-t-il, heureux d’avoir eu l’occasion de rencontrer d’autres personnes impliquées.

Par cette récompense, Novae salue notamment les principes d’économie circulaire et de revalorisation au cœur des activités de l’entreprise – la moitié de ses matériaux sont issus pour le moment de l’économie circulaire.

Plutôt qu’acheter des matériaux neufs, elle récupère, par exemple, les enseignes publicitaires et oriflammes en vinyle de Montréal, qui se transformeront en sacoches à vélo et sacs à dos. Un principe qu’elle applique également au bois, revalorisant celui de la ville, les retailles d’ébénistes et la sciure de bois de ses établis.

 

Accessible et ludique

Pour l’entrepreneur en projets à incidence positive qui a fondé par le passé des espaces de travail partagés et des studios de yoga, la mission des Affûtés est de rendre accessibles au plus grand nombre les compétences manuelles, le tout dans une ambiance ludique et conviviale. Afin d’avoir – « et c’est présent dans tout ce l’on fait aux Affûtés » – un effet positif sur la société et l’environnement. 

« On ne veut pas culpabiliser les gens parce qu’ils n’en font pas assez. L’important, c’est de les enthousiasmer à faire des choses nouvelles et de les responsabiliser quant à leurs achats, leur apprendre à réparer, à réemployer des matériaux. Plus les gens font d’ateliers, plus ils s’éveillent à toutes ces dimensions », observe celui qui lutte contre le « vite-acheté-vite-jeté ».

 

Quand entreprise ne rime pas avec profit à tout prix

Michael tient à préciser en entrevue que Les Affûtés, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas un organisme, mais bien une entreprise viable – certifiée B Corporation, de surcroît, ce qui signifie qu’elle met sa structure au service du bien commun (using business as a force for good, dixit la devise B Corp). « Notre profit, c’est juste un profit utile à mener notre mission. » 

Les Affûtés, c’est la preuve qu’« on peut faire un projet incorporé et qui fonctionne » aux visées sociale et environnementale, indique-t-il.

« On n’a pas besoin d’être un OBNL pour ça. Il y a des domaines où on se retrouve dépendants des subventions, et le jour où elles s’arrêtent, le projet s’arrête. Ça me semble important de monter un projet pérenne, résilient. Le fait d’être autonome économiquement, de ne pas avoir besoin de subventions fait qu’on a une pérennité supérieure. »

Michael Schwartz, qui dénote de sa génération un « manque de contact avec le monde concret », s’est un jour mis à l’ébénisterie pour le plaisir d’apprendre et s’est vu empli de fierté et de confiance d’avoir fabriqué des choses concrètes par lui-même. Il a alors aspiré à « un écosystème bienveillant, un endroit accessible pour faire avec ses mains facilement » : Les Affûtés. 

Cette envie de créer et cette fierté de confectionner soi-même des choses résonnent, selon lui. Son équipe et lui réfléchissent sans cesse à des projets pour qu’on puisse fabriquer, entretenir ou réparer une pléthore d’objets. « Aujourd’hui, on peut réparer ou fabriquer la moitié de ce que l’on a chez soi : tables, chemises, paniers, céramique, gypse, aménagement de fourgonnette, énumère-t-il. On couvre le plus possible ce que les gens peuvent avoir chez eux. » Et ces derniers sont au rendez-vous.