5 technologies controversées pour combattre le crime

5 technologies controversées pour combattre le crime
Le minuscule drone Black Hornet de FLIR. Photo Nigel Roddis/Getty Images

Que ce soit sur les champs de bataille ou au cœur des grandes villes, les moyens technologiques utilisés par les forces militaires et par les corps policiers ont bien évolué dans les trois dernières décennies. L’amélioration rapide des capacités informatiques et la naissance des algorithmes d’intelligence artificielle ont mené à la création de technologies de surveillance dignes de certaines œuvres classiques de la science-fiction. Même si elles rappellent parfois les écrits dystopiques de George Orwell, ces innovations sont en pleine expansion, font indéniablement partie du présent et seront présentes aussi dans l’avenir.


Les mercredis à 21 h sur ICI Explora, la nouvelle série La science face au terrorisme plonge dans l’univers peu connu des innovations scientifiques utilisées dans la lutte au terrorisme. C’est un regard inédit sur ces nouveaux outils qui façonnent le monde de demain.


Connaissez-vous les drones de surveillance miniaturisés, les fausses tours cellulaires qui peuvent tromper les téléphones intelligents pour intercepter leurs données ou encore DOGO, le petit robot israélien muni d’une arme à feu? Voici quelques-unes des technologies utilisées pour les opérations de surveillance et d’intervention, des innovations à la fois fascinantes et inquiétantes.

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Il semblerait que Robocop ne soit plus très loin de la réalité! Les vidéos publiées par l’entreprise américaine Boston Dynamics ont donné une assez bonne idée de l’évolution rapide de la robotique dans les dernières années. Nous avons pu y voir des machines faire des acrobaties comme des athlètes de parkour, déplacer des objets lourds ou ouvrir des portes de manière autonome.

De tels robots ne sont pas totalement de nouvelles recrues dans l’armée ou les corps policiers, mais ils exercent aujourd’hui des rôles qui vont bien plus loin que la manipulation à distance des colis suspects. À Dubaï comme en Californie, des robots policiers parcourent certains secteurs pour assurer une surveillance à distance de lieux ciblés par les autorités. En plus d’être munis de caméras sur 360 degrés et de haut-parleurs, ils servent surtout à établir une présence policière passive dans ces endroits. 

En Israël, c’est toutefois avec moins de passivité que le robot DOGO de l’entreprise General Robotics pourrait mener ses missions. Ce petit robot qui entre dans une mallette ou un sac à dos peut être muni d’un pistolet ou d’une bonbonne de poivre de cayenne afin de neutraliser les cibles identifiées par son opérateur ou son opératrice. Disons qu’il s’agit d’un arsenal plus intimidant que celui de son cousin l'aspirateur Roomba, puisqu’il est conçu pour être déployé lors de prises d’otages ou de menaces terroristes. Cet appareil ne semble toutefois pas encore utilisé lors de situations réelles, et la vidéo promotionnelle de General Robotics nous laisse un peu perplexes…

Des détecteurs de coup de feu

Les détecteurs de fumée, vous connaissez, mais avez-vous déjà entendu parler des détecteurs de coup de feu? Il s’agit d’une technologie bien réelle qui est installée dans certaines villes aux prises avec des problèmes de violence. 

Le concept est relativement simple. Il s’agit de capteurs sonores qui peuvent repérer la provenance approximative d’un coup de feu et envoyer cette information en temps réel aux autorités. Avec l’aide de ces indications géographiques, il est alors possible de rapidement rejoindre les lieux de l’événement et appréhender la personne responsable. 

Au début, il s’agissait d’une technologie surtout utilisée en temps de guerre pour indiquer l’emplacement de tireurs d’élite ennemis. Aujourd’hui, certaines forces policières l’utilisent aussi pour réagir rapidement aux fusillades. Si elle n’empêche pas de tels événements, cette technologie permet de réduire le temps de réponse des secours et elle peut tout de même avoir un effet dissuasif. 

Lorsque le StingRay vous écoute

Vous vous souvenez d’Edward Snowden? Ce sous-traitant de la CIA devenu lanceur d’alerte en 2013 lorsqu’il a révélé l’existence du projet PRISM et de plusieurs autres moyens de surveillance utilisés par la NSA pour espionner sa propre population? 

Les documents qu’il a ainsi exposés au monde ont aussi mis en lumière une technologie utilisée par les agences de renseignements et les corps policiers de plusieurs pays, dont ceux du Canada. Il s’agit du StingRay, un appareil de surveillance des communications téléphoniques qui peut intercepter à peu près n’importe quoi, n’importe quand. 

Lorsqu’il est déployé, le StingRay se fait passer pour une tour cellulaire, et les téléphones intelligents dans son rayon d’action s’y connectent pour y transmettre leurs données. Les conversations sont alors facilement interceptées, ainsi que d’autres informations telles que l’emplacement du téléphone. En dehors de l’espionnage de masse, ce type de technologie est fréquemment utilisé pour s’attaquer au crime organisé et pour débusquer des cellules terroristes. 

Des drones miniaturisés

Les drones accessibles au grand public étant de plus en plus petits, on peut bien évidemment imaginer que les divisions militaires et les agences de renseignements doivent elles aussi profiter d’une telle miniaturisation des composantes électroniques. 

C’est bien le cas, comme le prouve le drone Black Hornet de l’entreprise FLIR. Cet appareil qui rentre dans la paume d’une main vise à assurer des missions de reconnaissance pour les militaires dans des zones de combat. En plus de sa petite taille, le drone est muni d’une caméra infrarouge et de technologies qui permettent de réduire son empreinte sonore. Son autonomie de 25 minutes lui laisse largement le temps de survoler une zone afin d’identifier des menaces ou des cibles potentielles. 

Certaines entreprises tentent également de créer des drones aussi petits que des moustiques, des technologies qui dépendent encore des avancées de la miniaturisation des composantes électroniques et de l’utilisation efficace de nouvelles sources d’énergie.

La reconnaissance faciale au Canada

Les algorithmes d’intelligence artificielle combinés à la puissance croissante des technologies d’imagerie ont naturellement mené à la création de logiciels efficaces de reconnaissance faciale. Ceux-ci sont déjà bien présents dans nos vies, principalement pour déverrouiller nos différents appareils électroniques, pour appliquer des effets amusants sur des égoportraits ou pour vous identifier dans des photos sur les réseaux sociaux.

Bien sûr, pour les corps policiers et les agences de renseignements, il s’agit d’un outil incomparable pour effectuer une surveillance efficace et identifier des personnes du milieu criminel. Au Canada, des corps policiers utilisent déjà ces technologies dans leurs opérations, principalement via l’algorithme controversé de Clearview AI.

Il s’agit d’un outil très puissant, il peut être utilisé de manière efficace pour lutter contre des crimes sordides, mais il peut aussi servir à faire taire la dissidence dans des pays qui sont sous le joug du totalitarisme. 

Ces différentes technologies en pleine expansion ne sont que celles que nous connaissons. Nous pouvons bien sûr nous imaginer que d’autres innovations beaucoup plus poussées existent déjà sous les verrous du secret militaire. Une chose est sûre, chacune d’entre elles a le potentiel de transformer notre société et le monde de demain, en bien ou en mal.