Des robots pour réduire le son ambiant?

Des petits robots créés par l'Université de Washington
Photo : April Hong / Université de Washington | Illustration de fond : iStock

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L’ambiance d’un café bondé ou d’un bar en fin de soirée peut parfois être attrayante, mais elle peut aussi devenir désagréable lorsque le son est si fort qu’il vous empêche d’entendre les personnes qui vous accompagnent. Et s'il était possible de créer temporairement une bulle sonore pour mieux entendre votre groupe? Une équipe de scientifiques de l’Université de Washington travaille actuellement sur une technologie qui permet de mieux étudier un tel scénario.

À la base, l’équipe de recherche menée par deux doctorants en informatique et ingénierie s’est donné pour mission de transférer l’aisance de la gestion du son des vidéoconférences à la vraie vie, qu’il s’agisse de mettre des gens en « sourdine » ou de faciliter les tours de paroles lors d’enregistrements audio.

Pour ce faire, les scientifiques ont créé de petits robots intelligents qui peuvent localiser et suivre des individus en temps réel dans un espace donné afin d’enregistrer leur voix.

Pour capter le son voulu, ces petits robots isolent les différentes voix en se plaçant le plus près possible de chaque personne, en ajustant l’angle de leurs micros directionnels et en filtrant les bruits ambiants.

Un petit robot créé par l'Université de Washington.

Un des « robots-essaim » minuscules créés par l'équipe de l'Université de Washington. Photo : April Hong / Université de Washington

Sans caméra, ils naviguent en émettant des ultrasons, comme le font des chauves-souris dans la nature. Ils peuvent ainsi se déplacer pour suivre et enregistrer la voix d’une personne qui parle en marchant. Ils retournent ensuite sur leur base de chargement de manière autonome.

« Nous avons créé un haut-parleur intelligent sous la forme d'un essaim acoustique composé de minuscules robots. Ils utilisent uniquement le son pour naviguer de manière coopérative et se répandre sur une surface. Une fois déployés, les robots forment un vaste réseau de microphones », précise l’un des scientifiques dans une vidéo explicative.

Pour l’instant, cette technologie ne semble pas offrir beaucoup d’avantages comparativement à l’utilisation de micros corporels classiques. Elle permet seulement d’isoler le son sur les enregistrements, sans pouvoir le faire dans un espace donné en temps réel, mais l’équipe de l’Université de Washington veut explorer cette faculté lors de la prochaine étape de leur recherche.

 

Des ondes sonores au service du silence

Si la technologie antibruit existe déjà depuis de nombreuses années pour les écouteurs, reproduire le même concept à une plus large échelle avec des capteurs et des haut-parleurs situés loin des oreilles est une tout autre paire de manches, un défi d’ingénierie qui relève pour l’instant plus de la science-fiction que de la réalité.

Les petits robots développés par les scientifiques de l’Université de Washington pourraient toutefois être un outil intéressant pour tenter de rendre cette idée réelle, en raison de leur capacité à se déplacer et à analyser les sons.

Les technologies antibruit utilisées aujourd’hui dans les écouteurs se basent sur un principe qui peut se résumer assez simplement : pour réduire un son, il faut émettre une onde sonore inversement équivalente.

Les écouteurs antibruit possèdent la capacité de capter le bruit ambiant avec un micro afin de reproduire eux-mêmes l’inverse de ce son, ce qui produit des ondes sonores qui empêchent une bonne partie des vibrations externes d’atteindre le tympan, rendant ainsi imperceptibles certains bruits.

Cette technologie est surtout efficace pour réduire un son constant, pas trop puissant avec peu de variations, mais elle ne bloquera pas nécessairement des sons forts ou soudains.

Afin d’éliminer des sons de la même manière avec des haut-parleurs, ceux-ci devraient transmettre des ondes sonores beaucoup plus puissantes et extrêmement localisées pour avoir un quelconque impact sur le bruit produit dans un espace en trois dimensions immensément plus grand que celui d’une coque d’écouteurs qui recouvre une oreille.

Pour fonctionner, une telle technologie doit être capable de créer un véritable mur de son, aux bonnes fréquences, dans un espace donné. Au préalable, les bruits à réduire doivent également être suivis et analysés en temps réel par des haut-parleurs munis de micro, une étape qui est actuellement à la portée des petits robots développés par l’Université de Washington.

Le blocage de son en temps réel sans écouteurs ne se concrétisera probablement pas dans un avenir proche, mais les tests qui seront menés avec cette nouvelle armada robotisée pourraient éventuellement mener à des avancées technologiques intéressantes en matière d’automatisation et de réduction du bruit.