Un mois sans alcool, bon pour la santé ? Plutôt vrai

Un mois sans alcool, bon pour la santé ? Plutôt vrai

Depuis quelques années, les défis « un mois sans alcool » gagnent en popularité. Les raisons invoquées par les participants sont multiples : réfléchir à sa consommation, perdre des kilos, avoir plus d’énergie, donner une pause à son foie, mieux dormir, économiser de l’argent, se sentir mieux et soutenir une cause. Mais que dit la science des bienfaits pour la santé ?

Bilan sanguin et santé du foie

Une petite expérience menée en 2013 par le magazine britannique New Scientist a fait couler beaucoup d’encre. Voyant que la littérature scientifique sur les bienfaits potentiels d’un mois sans alcool était inexistante, 14 journalistes se sont soumis à différents tests, dont des échographies et des prises de sang. Quatre d’entre eux ont continué de boire comme à l’habitude et dix n’ont pas consommé d’alcool pendant cinq semaines.

À la fin du défi, alors que le bilan sanguin de ceux qui avaient continué de boire était similaire, on pouvait observer, chez ceux qui n’avaient pas bu, une baisse moyenne de 16 % de leur glucose sanguin et de 5 % de leur cholestérol dans le sang. Les échographies de leur foie révélaient aussi une baisse de 15 % de graisse hépatique.

Les médecins qui supervisaient cette expérience, dont le Dr Kevin Moore, ont été très étonnés d’observer des résultats aussi importants chez les participants, par ailleurs considérés comme des buveurs « normaux » selon les recommandations officielles.

En 2015, le Dr Moore a reproduit l’expérience avec un échantillon de 102 personnes, obtenant des résultats similaires. Ce qui a fait dire au chercheur, dans une entrevue au New Scientist, que si quelqu’un avait un produit de santé qui arrivait à ces résultats en seulement un mois, il ferait un argent phénoménal. 

Une boutade qui en dit long sur son opinion quant aux bienfaits, du moins à court terme. Le problème est que la recherche portant sur un seul mois d’abstinence est mince, mais les résultats de ces deux études viennent s’ajouter à d’autres conclusions qu’on peut tirer du reste de la littérature médicale.

Perte de poids

Couper dans l’alcool représente un déficit calorique qui peut se traduire en perte de poids... à condition bien sûr de ne pas compenser en buvant des boissons plus caloriques ou en mangeant davantage ! Si on se fie au calculateur de la Fondation Jean-Lapointe, une femme qui s’en tient à 10 verres de vin par semaine aura bu près de 5000 calories à la fin du mois.

Meilleur sommeil

Ceux qui prennent une pause d’un mois auront un sommeil plus réparateur, selon une méta-analyse publiée en 2013. Même si plusieurs utilisent l’alcool comme un moyen de s’endormir rapidement, il a en effet été clairement démontré que la qualité du sommeil en souffre. L’alcool perturbe les stades 3 et 4 du sommeil, même chez les buveurs légers et modérés. On a donc une moins bonne récupération physique et mentale quand on a bu.

Moins de consommation

Des chercheurs en psychologie de l’Université du Sussex ont suivi 900 participants d’un défi sans alcool après leur expérience. Six mois plus tard, 72 % avaient maintenu leur consommation à la baisse et 4 % n’avaient pas recommencé à boire. Les participants disaient aussi avoir développé des mécanismes pour refuser l’alcool dans des occasions sociales ou pour éviter d’en boire quand ils se sentaient préoccupés ou anxieux.

Verdict

Un mois sans alcool semble avoir des bénéfices à court terme sur la santé — et possiblement à plus long terme —, mais il faut souligner que les études portant sur des personnes qui arrêtent de boire pendant un seul mois sont peu nombreuses.

La popularité de ce défi a le mérite d’attirer l’attention des scientifiques sur le sujet et il pourrait en découler d’autres recherches dans les prochaines années.

En attendant, il est établi depuis longtemps que l’alcool bu en excès cause des problèmes de santé. Et il semble que la consommation modérée pourrait avoir des effets positifs sur la santé. Alors, si vous faites ce genre de défi et que vous recommencez à boire après un mois, n’oubliez pas la vieille maxime : la modération qui a bien meilleur goût !